En attendant New York – Mitali Perkins

 

Asha, Reet et leur mère doivent aller vivre à Calcutta dans la famille de leur père, parti chercher du travail à New York.
Bientôt, elles le rejoindront, c’est sûr. Les mois passent, loin de Dehli, rien n’est pareil, les filles ne font plus ce qu’elles aiment. Le départ pour New York est sans cesse reculé. La charge est lourde pour l’oncle qui les héberge. Il faut marier Reet. Un vieil homme se présente. Asha est désespérée pour sa sœur, elle va chercher une solution, la moins pire…

L’histoire:

Baba, Ma et leurs deux filles, Asha et Reet, vivent une existence paisible à Calcutta.  Les deux filles sont éduquées dans une école anglaise et tout va pour le mieux jusqu’au jour ou Baba perd son emploi.  Bien décidé à assumer sa famille, il décide de partir aux USA pour trouver un poste d’ingénieur.  En effet, l’Inde souffre d’une instabilité politique qui n’est pas favorable à l’embauche.

Durant son absence, il est convenu qu’Asha, Reet et leur mère Sumitra (Ma) vivraient à Delhi chez le frère de Baba.  Le voyage ne se fait pas sans stress.  En effet, les filles laissent beaucoup plus qu’une maison derière elles, elles laissent leurs amis, leur éducation, leurs privilèges et leur confort.  Pour ne pas être des fardeaux dans la maison de leur oncle, elles aident au ménage, à la cuisine et aux devoirs.  A leur grand désespoir, les télégrammes de Baba arrivent au compte goutte et il n’a pas encore déniché cet emploi qui leur permettrait de partir pour New York.  Chez l’oncle, les tensions s’installent et les nouvelles arrivantes sentent qu’elles sont un poids économique dont tout le monde ce serait bien passé.

Pour tromper l’attente, Asha écrit dans son journal intime, fait la connaisance de Jay (le voisin de son oncle), aide aux devoirs de ses petites cousines et dispense des cours de maths à son cousin Raj.  Elle l’aide également avec ses entrainements sportifs de criquet et de tennis.  Reet, quand à elle, essaie d’ignorer la masse de prétendants qui se pressent devant la porte de son oncle tandis que Ma attend avec impatience le prochain télégramme de son mari.

Malheureusement la pression financière devient plus forte et l’on décide de marier Reet à un bon parti.  Asha est révoltée par cette décision, par le fait qu’elle sera probabement séparée de sa soeur, par le manque de révolte de Reet.  Elle va donc redoubler d’ingénuosité pour éviter à sa soeur un mariage de convenance.

Mon avis:

C’est un beau livre sur l’Inde, sur sa situation politique en 1975 et sur la condition de la femme.  La famille est dirigée par l’homme car c’est lui qui maintient financièrement ses proches.  Suite au départ de Baba pour les USA, l’oncle d’Asha doit donc assumer 3 femmes supplémentaires à celle de son ménage et, financièrement, cela s’avère difficile.

A travers ce livre, on constate l’inégalité homme/femme.  Les femmes ayant les moyens de faire des études sont de réelles privilégiées.  Dans ce roman, le seul à pouvoir faire des études est Raj.  Les femmes n’ont pas le droit de se promener seules, de mettre des shorts, de faire du sport, de choisir leur mari, de se remarier une fois veuve.  Bref, il n’est pas toujours facile d’être une femme en Inde.  Sans parler des castes et de l’honneur familial.

Ce fut une bonne lecture, sans pour autant être un coup de coeur.  L’écriture est fluide et le livre est rédigé sous forme de journal intime.

Sumitra, que ses deux filles appellent Ma, est dévastée par le départ de son mari en Amérique.  Elle n’est guère appréciée de sa belle-mère qui lui reproche de ne pas venir de la même classe qu’elle.  Une fois chez son beau-frère, on la sent s’enfoncer dans une dépression dont elle ne sort qu’à de courtes périodes.

Reet, est la plus agée et la plus belle de ses deux filles.  Chaque apparition de Reet provoque un défilé de prétendants faisant le pied de grue devant la maison de leur oncle.  Elle n’a pas envie de se marier mais n’est pas prête à désobéir à son oncle et à infliger à sa mère une déception supplémentaire.  Pour elle, la beauté n’a aucune importance, seul la bonté d’âme compte.  De temps en autre, je l’aurais bien secouée pour qu’elle réagisse.  Cependant, je comprends qu’elle souhaite suivre les traditions et ne pas déshonorer son nom.

Asha est une petite fille extraordinaire qui a beaucoup prit sur elle, qui se fait rabrouer et dénigrer en permanence (elle n’est pas assez jolie, n’a pas assez de formes, n’est pas assez féminine, pas assez polie,…Bref pas assez!!!).  Elle voue à son père un amour infini et essaie de faire ce qu’il y a de mieux pour sa famille.  Elle ira même au-delà de ce dont j’aurais été capable.  Une belle leçon de vie, un livre qui démontre qu’il faut croire en ses rêves même si en réaliser certains signifie faire une croix définitive sur d’autres.