La vraie vie – Adeline Dieudonné

C’est un pavillon qui ressemble à tous ceux du lotissement. Ou presque. Chez eux, il y a quatre chambres. La sienne, celle de son petit frère Gilles, celle des parents, et celle des cadavres. Le père est chasseur de gros gibier.

La mère est transparente, amibe craintive, soumise aux humeurs de son mari. Le samedi se passe à jouer dans les carcasses de voitures de la décharge. Jusqu’au jour où un violent accident vient faire bégayer le présent.

Dès lors, Gilles ne rit plus. Elle, avec ses dix ans, voudrait tout annuler, revenir en arrière. Effacer cette vie qui lui apparaît comme le brouillon de l’autre. La vraie. Alors elle se retrousse les manches et plonge tête la première dans le cru de l’existence.

La Vraie Vie est un roman initiatique, rédigé d’une plume sans concession.

Mon avis:

Je ne vais pas y aller par 4 chemins, ce livre m’a travaillé.  En fait, il n’était pas du tout là où je l’attendais et ce pour plusieurs raisons.

Pour commencer, l’auteur ne révèle pas le prénom de l’héroïne.  Et je t’avoue que ce petit détail m’a perturbé.  J’ai trouvé hyper bizarre de connaitre tous les détails de la vie de quelqu’un à l’exception de son prénom car dans la vraie vie (sans mauvais jeux de mots), quand on fait connaissance, c’est la première chose que l’on échange.

Ensuite, bien qu’on parle de fratrie, de famille, d’amour, de sciences et d’évolution personnelle tout se passe dans un environnement social hyper sombre.  On a l’impression que malgré tous les efforts de cette fille, la lumière ne va jamais percer.  Pour moi, c’est ça le plus dur.

Malgré tout, j’ai suivi la vie de cette jeune fille avec grand intérêt.  J’ai eu envie de l’aider à entendre à nouveau le rire de son frère.  Je l’ai vu se lancer dans les sciences avec passion et génie pour trouver un moyen de remonter le temps, de changer cet instant où tout à basculer.

J’ai eu envie de l’aider dans son développement, de l’engager pour baby-sitter mon fils afin de pouvoir l’aider financièrement dans ses études.  J’aurais voulu discuter avec elle de l’amour, du vrai, de celui qui fait qu’on a l’impression que notre cœur va exploser et qu’on espère que la vie ne nous retirera jamais.  J’aurais aimé lui parler de ce que ça fait de vivre dans une famille normale, de la prendre dans mes bras, de la consoler mais je ne suis qu’une lectrice et le seul droit qui m’est donné est d’être le témoin silencieux de ce qu’il se passe.

Alors on ne va pas se mentir, je ne me suis pas privée de haïr ce père complètement mauvais, cet homme qui regarde sa petite fille avec mépris et ne voit en elle qu’un sexe faible.  J’ai vomi son sexisme, j’ai voulu cent fois lui retourner toute la violence physique et psychologique dont il fait preuve.

J’ai eu du mal avec l’apathie de la mère, sa façon de laisser les choses aller, de ne pas se révolter, de ne pas fuir ce foyer qui n’en est pas un.  J’ai été soulagée de constater qu’au fur et à mesure de l’histoire elle prend du corps, elle se rempli d’âme, elle s’autorise un début de vie et essaie de faire de son mieux.

Et pour conclure sur la famille, j’ai maudit ce frère pour qui elle se bat mais qui s’éloigne d’elle au fil des pages.

Ce roman n’était pas là où je l’attendais et il me hante encore de par sa fin à la fois logique mais tellement cruelle, tellement contre nature où les rôles sont inversés, où l’obscur atteint son apogée pour finalement laisser place à un mini rayon de lumière, que l’on sent ténu, mais qui je l’espère grandira.

Voilà ce que j’ai pensé de ce petit livre de 213 pages.

Des bisous,

Isa